Quand, à force de raidissement idéologique, la gauche et la droite sacrifient leur propre électorat!
La politique en Belgique est assez ennuyeuse: chacun à les positions autorisées par son chef de parti et n'en démord pas; les présidents de partis apprennent à crier fort mais pas à réfléchir; ce qui fait que regarder les débats politiques et lire les déclarations des uns et des autres est assez inutile en soi pour l'édification démocratique.
Ainsi, Georges-Louis Bouchez, Georgie-Lou, voulant encore une fois, comme le fait le PTB (et c'est un trait des partis non-démocratiques), opposer une partie de la population contre une autre, ici les classes bourgeoises au lumpenprolétariat, de lancer l'idée qu'il serait «bon d'exclure les chômeurs du bénéfice des allocations de chômage après trois années et de les envoyer au CPAS». (Qui délivre le RMI, l'Allocation d'Insertion).
Le PS aussitôt de brandir les fourches. La meilleure réaction fut, encore une fois, celle d'un bruxellois socialiste mandataire qui déclara que cela ne changerait rien au montant perçu (qui est de toute façon dégressif avec les années) et ne ferait que déplacer le problème du chômage de longue durée vers un problème de minimexés de longue durée. Et justement!
C'est qu'il y a une grande différence entre chômage (ONEM) et minimex (CPAS). Le premier est payé exclusivement avec la solidarité des travailleurs via les cotisations sociales, alors que le second est payé exclusivement avec les impôts payés par ceux qui gagnent plus que le salaire médian ou par ceux qui sont propriétaires ne fut-ce que d'une voiture, et par les bourgeois...
Donc le MR propose de faire payer les allocations des inactifs par la classe moyenne supérieure et les conducteurs d'affreuses voitures (une idée qu'on aurait attendu d'écolo)! C'est-à-dire par son électorat...
Quant au PS, au lieu de réagir en conséquence et de dire donc «chiche, on vote ça tout de suite?», continue à faire porter la charge du lumpenprolétariat sur le dos du prolétariat, des travailleurs, en refusant une telle idée, par pure idéologie et non par réflexion; c'est-à-dire sur son électorat aussi...
Bref, on voit que quand on agit non pas par le cerveau mais par le ventre (les passions, l'irréfléchi, l'instinctif) on va jusqu'à l'encontre des intérêts de son propre électorat; le plus marrant étant que cet électorat va malgré tout voter pour ceux-là mêmes qui sont censés les défendre... «C'est pas du loup qu'il faut que le mouton aie peur mais bien du berger qui va l'égorger un jour ou l'autre»!